Tarkine, the road to nowhere - l'immersion

Zeehan, le mercredi 25 mai 2016


Au quatrième jour (vendredi), on quitte définitivement la civilisation pour pénétrer dans la Tarkine Wilderness. La météo est avec nous ! La piste est large et roulante. On prend progressivement de l'altitude. On pénètre doucement dans l'immensité de Tarkine. Les sommets qui constituent la Norfolk Range se rapprochent. Les grands espaces s'ouvrent à nous. On est seul. Pas de voiture, pas de camion, pas d'autre cycliste. Seuls quelques Walliby et autres Wombats croisent notre route. Les perroquets Green Rosela nous accompagnent d'arbre en arbre. On roule avec plaisir. Les garçons s'amusent dans les descentes et pédalent avec aisance dans les montées. Les paysages ressemblent à ceux de la Laponie fino-russe. Les Eucalyptus géants remplacent les boulots. Pour les garçons c'est la savane. Ils imaginent les girafes se délectant des cîmes des arbres. Dans les rivières aux eaux marrons, ils devinent des crocodiles imaginaires. Plus loin, on traverse des hectares de forêts dévastées par un incendie fin 2015. La végétation semble reprendre le dessus. Les fougères arborescentes sont les plus vaillantes. Leurs feuillages vert contrastent avec les troncs noircis des Eucalyptus. 

A Lyndsay River, premier spot de bivouac potentiel, il est 13H. A la fois trop tôt pour s'arrêter et trop tard pour envisager de rejoindre Donaldson River (second spot de  bivouac), on décide de poursuivre et d'aviser d'un lieu de bivouac en cours de route. La piste se rétrécit. 

Les montées droit dans le pentu sont plus fréquentes. On gagne en altitude. Les organismes de chacun commencent à sentir la fatigue des km accumulés. Le soleil devient rasant. L'espoir de trouver un bon spot à bivouac au détour d'un virage, d'une montée ou d'une descente est à chaque fois compromis. Pas d'eau, zone trop humide ou trop de végétation. Le bivouac dans Tarkine n'est pas aisé. Les esprits s'echauffent. Gabin roule en tête en écoutant Fauve à tue-tête. Il a la caisse le bougre ! Marius est plus zen. Il continue à siffloter derrière moi au bout de l'élastique. Je le soupçonne d'avoir 3 poumons ! Pour la part, j'en ai plein les bottes. Marinette aussi. Chaque nouvelle montée est une épreuve. 

Sous Mt Bolton, Marinette perçoit le bruit d'un cours d'eau. On est à 400 m. La vue est dégagée vers l'Ouest. Le soleil se couche. On plante le camp dans les grandes herbes coriaces. Les enfants les nomment mikado géant. Le bivouac est rustique et sauvage, mais on a l'essentiel. 

Le soleil se couche Norfolk Range après 64 km et 800 m de D+. Chapeau les petits gars !

Samedi, quatrième étape entre Mt Bolton et Savage River. La plus belle. La piste joue aux montagnes russes, oscillant autour de la courbe de niveau des 300 m avec un passage à 450 sous Longback que les enfants nomment The Nut ou encore la Rampe du Géant. On contourne ce sommet par une section à 20%. Ici on apprécie Mr Macadam !

La suite de la piste longe une belle ligne de crête jusqu'à Mont Donaldson avant de plonger sur Savage River. On plante la tente au  niveau du pont sous de grands arbres. On passe une douce soirée au coin du feu et au clair de la pleine lune. Les possum nous rendent visite. Dans la nuit, on entendra nombreux cris d'animaux sauvages .


Dimanche, dernière étape, la plus facile. On rejoint rapidement Corinna, cet ancien village minier qui comptait plus de 2000 habitants à la fin du XIXÈME siècle. On est attendu ! On prend un café à Corinna Lodges. La responsable du site, originaire de Nouvelle Écosse, est admirative de notre aventure familiale. La barge est toujours hors service. Mais pour nous, elle met à disposition un bateau 8 places et son skipper. On traverse la Pieman River pour 20$. Transport à la demande ! La classe !

De l'autre côté, c'est Mr Macadam. Vous avez compris, c'est droit dans le pentu. Mais peu importe, la route est pour nous. On zig et on zag pour sortir du trou et rejoindre les hauteurs de Lake Pieman. En arrivant au carrefour de la C249/C252, on lève les bras au ciel. It's done !!! Ça, c'est fait ! comme on dit par chez nous. C'est stupide, mais avec Marinette, on est encore une fois impressionnés par l'accomplissement de nos petits gars. Ils ont la banane. On sent qu'ils sont dans leur élément. 

On passera la nuit et la journée suivante au bivouac de Reece Dam sous la pluie. Mais peu importe, cela nous laisse une journée pour savourer... et vous conter nos aventures au coin du feu de camp. 


Le jour suivant, retour du beau temps et étape express (45km D+ 600m) pour rejoindre Zeehan pour un bon fish & chips chez Carol Coffee.

Ville minière , Zeehan était à la fin du 19ème siècle la deuxième ville de Tasmanie. La ville comptait 27 pubs. Elle était équipée du plus grand théâtre d'Australie. Aujourd'hui, c'est un village fantôme transformé en musée !


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Commentaires: 3
  • #1

    Mamytiane (vendredi, 27 mai 2016 11:13)

    Surprise ce matin en découvrant ce récit et le pèle mêle illustrant bien les efforts de chacun pour partager en famille ce bout du monde! J'espère que vous saurez par quel côté revenir ...
    L'aventure nourrissant l'aventure, elle semble décupler les performances ,l'endurance et l'enthousiasme de tous (bravo) avec une mention spéciale pour Gabin et Marius.
    BiZZOUS de Mamytiane et de Papipakiwi kidiwouahwouah

  • #2

    papyda63 (vendredi, 27 mai 2016 11:54)

    Là, vous êtes en plein dans le bout du monde et les récits et photos l'attestent. Nos 2 petits bougres ont l'air de se régaler des difficultés : ils vont avoir les mollets fermes comme les ailes des pigeons voyageurs !!! Bisouxx

  • #3

    obejrzyj anons (vendredi, 08 septembre 2017 15:40)

    nieodbitej